Points de vue des notaires

>> D'un notaire de Montpellier

>>Quels sont les besoins de l'office notarial en stage long de deux ans ?
L'office, qui compte une quarantaine de collaborateurs, emploie régulièrement en permanence 3 à 4 stagiaires, issus des deux voies (universitaire et CFPN), sans exclusive. Installé dans une ville de CFPN, l'office n'a aucun problème de recrutement, et reçoit plusieurs demandes de stage chaque jour. La situation est plus délicate dans les bourgs ruraux, où les offices peinent à attirer les stagiaires.

>>Entretien avec une notaire à Paris 17 e

>> Votre passé de stagiaire ?
Il y a neuf ans, je me suis présentée sur rendez-vous pour un simple stage d'un mois en validation de DESS. Dans la foulée, j'ai effectué le stage de deux ans en contrat de qualification dans la même étude, et j'exerce en tant que notaire salarié dans cette étude parisienne en pleine expansion. A l'époque, le contrat de qualification, accessible au moins de 26 ans, nécessitait d'accomplir conjointement les semestrialités, 300 heures de cours et le travail à l'étude : deux années inoubliables...

>> Votre expérience du recrutement des stagiaires ?
Le contact direct est essentiel. Nos deux derniers stagiaires se sont simplement présentés sur place au moment pile où l'office recherchait des clercs.
Par deux fois Maître X, qui s'occupe personnellement de stages, a engagé sur le champ l'étudiant demandeur. Il faut dire qu'un des critères de l'étude vise à rétablir la parité, dans une équipe très féminisée. Dans la mesure où tous les demandeurs de stage ont le même cursus, le fait de se présenter fait la différence : mieux vaut se rencontrer que traiter une feuille de papier... D'où un certain scepticisme sur l'efficacité d'autres méthodes, comme l'envoi de CV par courrier postal ou électronique ou la distribution du guide du DESS.

>> Votre regard sur le stage ?

Il ne faut pas se leurrer, le stage de deux ans est une période très fatigante, qui implique beaucoup de travail et une très grande disponibilité. Certes, le stagiaire est libéré pour suivre les semestrialités. Mais il doit assumer sa charge de travail à l'étude, et rester à disposition du client qui le poursuit quand il est en cours, tout en préparant ses examens le soir... Sur le rôle du stagiaire dans l'équipe, il est clair que l'arrivant a tout à apprendre au niveau opérationnel. En revanche, les stagiaires « savent le droit » et sont au fait de l'évolution de la jurisprudence : la présence du stagiaire confère un accès direct au corps enseignant, ce qui peut s'avérer utile en cas de doute. En général, l'office notarial compte au moins un stagiaire, parfois deux, et il est bien rare de ne pas les garder en fin de cursus...

>>D'un clerc dans une grande étude parisienne

Montrer le désir de sortir des dossiers et de rencontrer la clientèle

>>>> Votre vision du stage long et des stagiaires en général

?

L'évolution constante des règles de droit et de leur application professionnelle fait que le stagiaire se trouve sans cesse confronté au gap entre ses connaissances théoriques et la mise en pratique. Il lui appartient de s'adapter, comme le font quotidiennement les collaborateurs. Ce qui ne dispense pas le notaire de prévoir un interlocuteur référent durant le stage ! Concrètement, tel stagiaire sera le secrétaire d'un clerc, tel autre jouera le gratte-papier... Se frotter à tous les aspects des métiers du notariat métier durant le stage long fait partie de la formation.

>> Comment se former à l'approche clientèle durant le stage ?

Généralement, le notaire ou le clerc habilité reçoit personnellement la clientèle. Mais rien n'empêche le stagiaire de demander à participer à certains rendez-vous, cela ne lui sera pas refusé. Au risque que le notaire s'éclipse volontairement pour laisser le stagiaire faire ses preuves ! Ne pas perdre de vue que l'objectif du notaire est de conserver le notaire assistant après le stage, il n'a aucune raison de limiter la volonté d'apprentissage du stagiaire.

>> Comment passer le barrage du « classement vertical » des CV ?

En se présentant au bon moment ! Les notaires croulent sous les CV reçus par courrier et par courriel, le standard fait barrage aux appels téléphoniques. L'occasion fait le larron, je peux en témoigner : un soir, à l'heure où les bureaux se vident, un jeune homme s'est présenté à l'étude. Je venais d'annoncer mon départ, et c'est ainsi qu'au pied levé un stagiaire a pris la place d'un clerc collaborateur. Si j'ajoute qu'il est resté dans l'étude après son stage, vous penserez que c'est trop beau pour être vrai... C'est surtout la preuve que la réactivité force la chance !

>> Quel rapport entre stage court et stage long ?

Tout stage est une opportunité, à intégrer le plus tôt possible dans le cursus. Un stage d'été d'un mois est déjà un tremplin. S'il s'agit de suppléer un clerc en congé, le stage sera opérationnel. Si ce n'est qu'un stage photocopie d'un mois, l'étudiant apprendra au moins à constituer un dossier. Un office notarial a toujours besoin d'une petite main, à charge pour le stagiaire de s'affirmer comme un bon élément...

>>D'un notaire de Moulins

>> Votre Office notarial est en pointe sur l'usage des nouvelles technologies de communication. Passez-vous par Internet pour recruter des stagiaires ? S'il est vrai que nous utilisons énormément Internet et le courrier électronique, l'office ne s'en sert pas pour recruter des stagiaires. En fait, compte tenu de l'activité et de la localisation de l'étude, qui emploie 5 personnes, nous n'avons pas systématiquement recours aux stagiaires. Le cas échéant, nous proposons un stage d'un mois aux étudiants de l'école (de notariat ? ou du CFPN ?) de Clermont-Ferrand. Le stage a lieu en juillet et non en août, eu égard à la nécessité d'encadrer le stagiaire et aux congés d'été.

Particularités géographiques
es stagiaires, qu'ils soient issus de la voie universitaire ou de la voie professionnelle, recherchent la proximité d'une ville universitaire ou de CFPN, pour des raisons de commodité scolaire et matérielle. Les notaires concernés se plaignent de cet état de fait. La question des transports est au coeur du problème : le choix du stagiaire est conditionné en priorité par la durée et les modalités du transport vers l'établissement de formation. La localisation géographique (opposition rural/urbain) compte moins que les conditions de desserte.